La petite boutique tranquille du coiffeur était le lieu de rendez vous des vieux du quartier...Le coiffeur, lui même âgé d'une soixante dizaine d'années , était sans doute l'élément qui expliquait cet attroupement...
"assalamou alaykom" entra un monsieur, lui même appartenant à cette tranche d'âge , quelques signes de vieillesses, un visage quasi inexpressif et une tristesse certaine. "Ahla b Ja..." du coin de l'oeil je surveillai la scène qui se déroulait devant moi. Il semblait être assez connu de la clientèle, un ami sans doute. "comment allez vous?" C'était sans doute la question qu'il ne fallait pas poser. Plus très bien depuis la mort de sa femme. Ladite femme avait plus d'un an qu'elle avait quitté ce monde. "Je me sens affreusement seul mon ami. Bien que mes deux filles habitent tout juste à coté de moi, la maison est dépouille de son âme. Monsieur, il y a un défaut, ou une qualité je ne sait pas, mais durant ma vie j'ai appris à travailler a rentrer chez moi, pas de cafés, pas de sorties rien...Aujourd'hui, je suis sans amis, livré à moi même"
J'étais ébahi devant cet amoureux du troisième âge. "en 50ans de mariage, jamais elle ne m'a rien dit qui puisse me blesser, et jamais en 50 de mariage je ne l'ai laisse passer une seule nuit malheureuse..." Toute la petite boutique s'était tu devant le témoignage de ce Roméo d'un genre nouveau. Il avait bien pu peut être exagérer, amplifier la chose, mais il y avait en lui cette part de vérité, de sincérité, qu'on ne pouvait mettre en doute ses paroles... "Pouvez vous me donner une de vos fleurs là bas, je voudrais mettre sa photo dans ma voiture" On les lui donnait et il partit...
Ce Roméo qui semblait survivre au départ de sa Juliette, était mort depuis bien longtemps et j'admirais plus que tout cet homme jusqu'au bout fidèle aux veux qu'il s'était faits 50 ans plus tôt....