lundi 29 juin 2009

Ennemi nocturne




La tête sur l'oreiller, le bourdonnement commence. Il faisait noir, sombre et tout était silencieux. Tout, sauf ce bourdonnement lointain qui transperçait le noir silence, ce bourdonnement lointain et qui pourtant semblait très proche. Ce bourdonnement lointain qui s'approchait de plus en plus, de plus en plus rapidement, de plus en plus intense, qui frôle mon oreille agacée et repart en pointe. Il était temps d'agir, et la lumière fut sur l'arène que constituait cette chambre. Prédateur d'insectes; les sens en éveil, je regardais autour de moi, la partie avait bel et bien commencé. Une main nue, et l'autre portait un oreiller, c'était cela mes griffes.

Je m'avançais, scrutais le champ de bataille, tournant la tête, pas après pas, lentement, très lentement, des gestes extrêmement lents, je tourne encore la tête, et je cherche et cherche encore. Quatre Heure venait de sonner, je m'avançais toujours. J'emplis mes narines de l'odeur de l'air chaud et lourd de Juin, et j'avançais toujours. Quelques corps, quelques traces décoraient encore la chambre, des restes de la bataille de la veille, comme pour témoigner de tout l'hospitalité que j'avais envers ces bêtes. Ces anciens "trophés de chasse" , que ces invités indésirables sentaient probablement, les faisaient à coup sûr trembler de toute leur âme, si seulement elles en avaient. Ces bêtes, ce soir là, il y en avait une d'elles. Elle avait poussé, sans le savoir, la porte de son enfer.

Sur le mur, cette petite ébauche d'insecte, cet ensemble de lignes harmonieuses et pointues, ce petit ventre rouge en forme de pignon, se tenait gravement. Je l'avais vu, elle en avait fait de même. Ce soir, l'un de nous se délectera du sang de l'autre. La chasse allait commencer, bientôt très bientôt, juste après que je n'eus lancé un premier coup maladroit. Il n'était pas galant pour un jeune homme d'achever sa proie du premier coup, il fallait lui laisser une chance, mais une seule, nous serions alors quittes, il n'y aurait entre nous plus de pitié. Il s'envola donc, cet amas de poussière ailé, bourdonnant, jouant, chantant ses éloges funèbres, car ce soir, il devait périr, il le savait, il avait joue à quitte ou double en rentrant dans cette chambre. Il alla néanmoins continuer à chanter joyeusement. Ces bêtes, elles portaient bien ce nom, à moins que nous hommes, n'ayons pas ce sens du bonheur là.
Cela nous intéresse que moyennement, car ce soir, un moustique mourra. Tournant à droite, tantôt à gauche; en haut, puis encore à droite, enfin en bas, pour enchainer un vol en diagonale, il se posa sur un autre mur. Et encore raté, il alla chanter ailleurs. J'étais un buffle qui soufflait, qui voyait rouge, et que le sommeil abattait. Mais il n'y a rien de plus dangereux, de plus coriace qu'un lion blessé, au coeur et à l'âme. Le combat finira, ce soir, par du sang. Les sens dans un état d'éveil maximal, je fermai les yeux. Il faisait sombre, et il bourdonnait toujours. Sur le mur de derrière. Doucement, lentement, très lentement, je m'approchai et lançai un coup rapide, raté, blessé dans l'orgueil je lance un coup en l'air, la bête est abattue en plein vol et gît sur le sol.
La tête sur l'oreiller, le bourdonnement recommença. La chasse continue.

mercredi 17 juin 2009

La Cigale et La fourmi



Je vous propose ici une petite parodie, qui vaut ce qu'elle vaut, de la fable que nous connaissons tous "La cigale et la fourmi".


Chouchene et Emna
Chouchene ayant bossé,
Tout l'été

Se trouva fort dépourvu

Quand le bac fut venu.

Pas un seul petit exercice
De Maths ou de Physique

Il alla crier famine

Chez Emna sa voisine

La suppliant de lui photocopier
Quelques séries pour subsister

Jusqu'à la rentrée prochaine.


"Je vous paierai, lui dit-il sans haine
Avant l'examen, foi de pilotain

En projets et en Plus Un!


Emna n'est pas prêteuse
C'est là son moindre défaut.
"Que faisiez vous au temps chaud?
Dit elle à cet intello.

Nuit et jour à tout venant
Je bossais, ne vous déplaise?
Vous bossiez? J'en suis fort aise

Eh Bien! Bronzez maintenant!

mercredi 10 juin 2009

A propos de religion



Un matin que j'allais faire quelques courses chez l'épicier du coin, je remarquai une queue inhabituelle chez celui-ci. J'entre tout de même, pris mes emplettes, et attendis une file qui n'avançait pas.


Un petit garçon, d'à peine cinq ans et un mètre, faisait lui aussi les courses. Visiblement peu expérimenté (son âge l'excusera me direz-vous), l'enfant ne parlait que très lentement pour exprimer ses désirs, et était attiré par ce comptoir, duquel sa tête dépassait, juste assez pour voir tous les chocolats qui l'ornaient. Bref, il avait fini par demander une bouteille de boisson gazeuse, et l'épicier s'exécuta lui en ramenant une d'un litre.

Sa mère, comme un général de guerre, supervisait l'opération de loin, à partir de sa noire voiture garée en face de l'établissement. "Non, une petite!" cria-t-elle. Le monsieur s'exécuta de nouveau et ramena une bouteille d'un demi litre. L'impatience commençait à gagner peu à peu la file de clients, et la mouche qui bourdonnait en pleine chaleur n'arrangeait en rien à la scène. Voyant l'enfant tendre l'argent, tout le monde crut voir la fin du calvaire, lorsque la mère de nouveau, comme un esprit lointain, ordonna à son pauvre enfant d'acheter du pain. Toute l'épicerie retint son souffle, la sentence était prononcée: deux baguettes. Et à nouveau un exercice périlleux se dessina. Le garçon, perdu dans cette épicerie pourtant d'une taille modeste, chercha en vain le pain. La Voix parla de nouveau "Derrière toi!" cria-t-elle. Rien n'y fait, le petit cherchait toujours, la file s'énervait et la mouche bourdonnait joyeusement.

C'est alors, dans un extraordinaire élan de courage, que la mère entreprit une périlleuse percée dans cet antre hanté par les mâles en chaleurs, indiqua furtivement au gosse le panier, et revint rapidement à son poste stratégique. L'honneur était sauf, l'opération pouvait continuer! L'enfant prit donc ces deux baguettes, la bouteille de coca et s'en alla. Soulagement. Ah non, il devait encore prendre le reste de sa monnaie!
C'est donc tout chargé de deux baguettes qui faisaient quasiment sa taille, d'une bouteille de boisson gazeuse qui faisait son poids et d' une pièce de monnaie qui occupait le restant d'espace entre ses doigts, que le petit dût affronter le dernier obstacle : ouvrir la portière, comme un grand, sous les cris de sa maman.

Vous l'aurez compris, la dame est un peu spéciale. Empaquetée dans un emballage tout noir, elle avait privé le monde de ses yeux de séductrice derrière des lunettes Gucci, bien affreuses au regard masculin.

En parfaite femme d'honneur, elle avait refusé de pénétrer un lieu qui foisonnaient d'hommes. Il est vrai me direz vous, que serrer la main d'un épicier est un acte sexuel de la plus haute obscénité. Tout mâle en chaleur, regardant certains films, attend impatiemment, l'apothéose de la pellicule, lorsque l'acteur, d'une infinie grossièreté, ose prendre la main, de sa partenaire pour la serrer!

Je ne sais pas de quel Dieu elle se réclame, celui que je connais n'aime pas la bêtise.

 
Top Blogs de Tunisie