jeudi 5 novembre 2009

Souviens toi de la derniere "Takwira".


Le souvenir le plus récent est une balle. Ils devaient être sans doute une dizaine dans le camp adverse, et soudain le ballon volait en l'air et venait vers moi. Nous étions deux, adversaires, à vouloir la balle. Je courais. Et voila. Voila, c'était mon dernier souvenir. Ensuite, le Noir.

On me dit que j'avais crié de douleur, maintenant qu'ils l'affirment je m'en rappelle vaguement. Tout ce dont je me souviens c'est d'avoir plongé dans une mer noire. Oui, une mer. J'avais la sensation d'avoir plongé la tête la première dans une eau noire. Puis, quelques bruits, quelques voix, je sentais qu'on me portait, puis: plus rien. Silence radio. Combien étais-je resté dans cet état? Je ne sais pas, honnêtement. Mes amis soutiennent qu'il s'agirait d'une période courte d'environ cinq minutes. Je ne peux rien affirmer pour ma part. Toujours des sensations, pas encore de souvenirs. De l'eau. quelque peu fraîche, j'en sentis des gouttes sur ma joue. Je me relève, et de nouveau, je construisais des souvenirs. Ils devaient être au plus cinq ou six. Le gardien me montra son pouce, son annulaire et son majeur. "Trois" dis-je, comme pour me débarrasser d'une question qui me paraissait d'une évidence extrême. J'avais répondu sèchement, non par méchanceté, mais parce qu'une autre question me brûlait les lèvres. "Quel Jour sommes-nous?". "Tu plaisantes?" "Quel jour sommes-nous?"répondis-je avec insistance. "Jeudi Cinq Novembre". Je demandais plus de détails: avons nous cours? Sommes-nous en pleine année scolaire? "Oui, oui, oui!" Je semblais désorienté et tous les évènements passés me semblaient comme un rêve lointain. Cependant, quelque chose en moi m'incitait à voir autour de moi pour récolter des indices. Je levai la tête. Un terrain de football artificiel. "Est-ce qu'on jouait au foot?" "Oui, tu as percuté l'un de nous et tu es tombe sur ta tête, lève toi, marche, ça te fera du bien."

Je me lève, je marche, et pourtant quelque chose n'allait pas. Comment étais-je arrivé là? Qu'est ce que j'ai fait ce matin? Seul, j'étais seul à me poser ces questions. Mes amis, d'un moral de fer, ne s'étaient pas laissé fait abattre, et continuait de jouer tranquillement. Je n'avais plus en tête comme souvenirs frais que ce réveil douloureux. Aucune relation possible avec la veille. "Qu'avons nous fait?" "Bon sang, on s'est appelé sur Skype, on a regardé le match ensemble" "Et le cours de Physique, c'était hier aussi?" " Oui!" "Vraiment? C'est hier qu'on a eu cours de physique?". Je sentis une question qui me brûlait, qui jaillissait du fin fond de mon être "Dis, est ce qu'on a passé les Maths?" "Oui!". Petit soulagement. "Et la Physique?" "Mais oui! Tu t'en souviens sûrement!" La courbe d'une réaction chimique se dessina dans ma tête. "C'était Samedi dernier, tout ça?" "Oui!". Tout, tout, tout, absolument tout, tout semblait très loin. Les souvenirs étaient là, mais la notion du temps avait disparu. Je criai "Mais merde, je suis dans cet état et tu joues encore?!" "C'est qu'on est en train de perdre!". Me voyant vraiment dans un état pitoyable, il vint me voir. Nous discutions un peu, j'essayais de me rappeler. Il s'en alla de nouveau, et je vis dans ma tête des nuages gris assombrir la beauté de l'avenir.

J'étais seul, de nouveau, seul face à cette nouvelle situation. J'avais peur. J'avais peur d'avoir perdu ce que j'avais bâti en treize ans. On s'inquieta une derniere fois de ma santé. Je les rassurai vaguement. Je pleurais un court instant, je pris mes affaires et je quittais, seul, le terrain où une dizaine d'amis jouaient encore.

 
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