Leon l'Africain

" Moi, Hassan, fils de Mohamed le peseur, moi, Jean-Léon de Médicis, circoncis de la main d'un barbier et baptisè de la main d'un pape, on me nomme aujourd'hui l'Africain, mais d'Afrique ne suis, ni d'Europe, ni d'Arabie. On m'appelle aussi le Grenadin, Le Fessi, le Zayyati, mais je ne viens d'aucun pays, d'aucune cité, d'aucune tribu. Je suis fils de la route, ma patrie est caravane, et ma vie la plus inattendue des traversées.

Mes poignets ont connu tour à tour les caresses de la soie et les injures de la laine, l'or des princes et les chaînes des esclaves. Mes doigts ont écarté mille voiles, mes lèvres ont fait rougir mille vierges, mes yeux ont vu agoniser des villes et mourir des empires.

(...) Et tu restera après moi, mon fils. Et tu portera mon souvenir. Et tu liras mes livres. Et tu reverras alors cette scène: ton père, habillè en napolitain, sur cette galée qui le ramène vers la côte africaine, entrain de griffonner, comme un marchand qui dresse son bilan au bout d'un long périple. Mais n'est-ce pas ce que je fais: qu'ai-je gagné, qu'ai-je perdu? Que dire au créancier suprême? Il m'a prêtè quarante années, que j'ai dispersè au gré des voyages: ma sagesse a vécu à Rome, ma passion au Caire, mon angoisse à Fès, et à Grenade vit encore mon enfance."

Voici les toutes premières lettres du roman biographique du génialissime Amin Maalouf: Léon l'Africain. Je ne vous dirai pas plus sur le livre, mais j'emprunterai tout de même à nos amis les chefs cuisiniers quelques adjectifs: délicieux, Exquis, Aromatique, régal et j'en passe et des meilleurs!

Vous vous plongerez au coeur d'une Grenade agonisante dans un roman qui, aujourd'hui plus que jamais, est d'actualité! A laisser entre toutes les mains!