J'adresse un carton jaune au football. J'en assume mes responsabilités. Je m'attirerai, sans doute, les foudres de bon nombre de vous, mais je maintiens mon carton.
Depuis quelques temps, j'ai commencé à me pencher sur la question. "Aimez votre Club!" "A la vie à la mort!" "Bel rouh, bel damm, nefdik ya...""Mon club et moi? Une histoire d'amour!"...Tous ces slogans qu'on scande, toutes ces phrases que l'on répète, ont-elles réellement un sens? Pour quel idéal, des milliers d'entre nous, seraient-ils prêts à sacrifier "leur âme et leur sang"? Je vous le demande, pour quel but, certains d'entre nous, seraient-ils prêts à mourir? Pour un "Club".
Qu'est ce qu'un Club? Techniquement, c'est un ensemble de personnes constitués de joueurs, d'entraineurs, de médecins, de cadres administratifs... visant à jouer à un jeu en vue de remporter des trophées. Réellement, c'est un petit peu plus complexe que cela. Le Club, au-delà de ces personnes physiques, porte un logo, un nom qui représente une ville, un quartier...Et c'est là où réside le problème. Le Foot-Ball, de par son système de clubs, divise une nation en plusieurs sous-ensembles. Bien au delà du jeu, du simple jeu, c'est toute la fierté d'une région qui repose sur les épaules de onze hommes et d'un ballon en cuir. "El koura etdour" dit-on -littéralement "le ballon tourne"-, les vainqueurs d'aujourd'hui sont les perdants de demains, et le jadis vaincu fêtent aujourd'hui leur "brillante" victoire. La boite de Pandore est ouverte. Chacun s'en donne à cœur joie pour "analyser" une situation.
Et c'est aussi cela que je reproche au football. Il donne l'impression du pouvoir de juger. Il donne l'impression que nous sommes tous des spécialistes internationaux, que si tel avait tourné le pied un millimètre à droite, que s'il avait bougé de cette manière il aurait été la meilleure personne au monde, la plus intelligente qui soit, un dieu sur terre, mais voila, il l'a raté, il est bête, laid et moche! Et encore, quand on parle encore du jeu. L'autre jour encore, deux personnes argumentaient, et défendaient becs et ongles, avec un sentiment de certitude certain, qui de leurs deux bureaux directeurs, avaient les meilleurs compétences. C'est dire, le foot, est ici un prétexte. Ainsi, le ballon rond, du moins tel que nous le connaissons, donne une fausse impression de jugement, d'esprit critique. Nous sommes, chaque jour, à critiquer, à regarder des émissions télé qui n'en finissent pas de se reproduire et de pousser comme des champignons. Nous sommes dans un monde à part.
Et c'est aussi cela que je reproche au foot-ball. C'est tout ce monde qui l'entoure. Imaginez, un seul instant, tout l'argent qui circule. Les dettes de nos clubs tunisiens se comptent en Milliards de nos millimes, le "prix" de certains joueurs atteint quasiment 100 Millions d'Euros! C'est énorme et disproportionné. Pourquoi, un clown de cirque ou un acrobate ne recevrait-il pas le même salaire, alors qu'ils font exactement le même travail? Alors oui, je vois les fanatiques du football, devenir rouge en lisant cela. Mais il faut relativiser. Le foot n'est qu'un jeu, on l'a semble-t-il oublié. Et beaucoup d'entre nous, l'ont oublié. Je ne vais pas faire l'hypocrite, moi même je l'oublie parfois. C'est aussi à moi-même que s'adresse cet article.
Car, c'est aussi cela que je reproche au football, c'est que ce n'est plus un jeu. C'est devenu beaucoup trop sérieux. On meurt dans nos stades pour un ballon qui n'est pas entré dans une cage. C'est triste, mais c'est comme ca.
Mais attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Il ne faut pas bannir le foot. C'est un formidable défouloir. Je préfère encore voir Soixante milles personnes dire haut et fort ce qu'elles pensent de la famille rapproché de telle personne à cause d'un ballon, que de les voir se déambuler, frustrés dans nos rues, sur leur nerfs.
Mais si le football est un défouloir, on est en droit de nous poser une question. Le tort vient-il du ballon rond? Toutes ces personnes venues crier leur haine ou leur "amour", est ce pour l'amour du foot-ball? On en revient au symbole d'un club, à ce fardeau qu'il porte, à ce qu'il représente et la déduction est simple: moins pour le sport, c'est pour la communauté. Mais, oui Pardi! tout prend sens à présent! Cet amour, cette haine, ce sang, ces âmes, ces cœurs...tous ont à présent une explication. C'est donc le besoin de refuge dans des communautés qui vivifie la flamme du football.
Nous en sommes là, mais nous nous posons, à ce moment là, (et j'abuse de votre attention, je suis bavard aujourd'hui!), la question suivante, qui est la suite logique du raisonnement. Qui a précédé l'autre, la poule ou l'oeuf? Je veux dire: est-ce le système de clubs qui amplifie le régionalisme, ou, les régionalisme est ancré en nous et s'est greffé au foot? Alors, moi je me tais, et me dit, que le carton jaune n'était peut-etre pas si justifié que cela. On se revoit au cours de la maviola!