A vous, voyageurs d'une autre espèce, s'adresse ce message. Cette saison encore, une horde de vous autres s'apprête à gagner nos balcons. Sachez, petits insectes, que nous n'aurons point de pitié. Nous respectons votre race, plusieurs fois millénaire, et nous nous rappelons l'instant où nos deux espèces sont sorties pour la dernière fois de l'eau ensemble. Nous nous souvenons de vous, compagnons d'hier. Aujourd'hui, nous avons crée notre monde, le monde où vous n'avez pas de place. Ce n'est point notre faute si vous n'avez pas évolué, et si vous n'aviez fourni aucun effort pour le faire, nous n'en sommes, en aucun cas, responsables. Nous portons en nous le souvenir de ce passé, mais nous devons vous prévenir que nous nous tournons vers notre futur. Vous vivez dans vos marécages, et nous dans nos maisons. Que chacun reste chez soi, et les vaches seront bien gardées!
Sachez, cependant, que nous n'aurons aucun complexe à vous rappeler cette vérité, chaque fois que l'un d'entre vous osera voler dans nos airs. Sachez que les cadavres des vos aînés jonchent nos sols, et que de leur chair se nourrissent nos arbres. Nous sommes un peuple de barbares qui n'aime point la musique; gardez la votre, nous n'en voulons pas. Nous avons dans les coins de nos chambres, des araignées que l'on a pas nourri depuis l'été dernier. Ecoutez seulement les légendes de vos aïeux: les dragons, les ogres, les sorcières et les démons, c'est nous.
Nous n'avons point construit d'abris pour que vous y viviez, nous ne produisons point de sang pour que vous en buviez et nous n'avons point d'oreille pour vous écouter.
C'est un avertissement d'amitié qu'on vous lance, en souvenir de la mitoyenneté des nos ancêtres et des vôtres. Soyez, honorables moustiques, à la hauteur de l'appel qu'on vous lance.
Respectueusement,
les Humains.